Depuis leur retour aux affaires, les Républicains américains semblent déterminés à démolir méthodiquement tout ce qui avait été mis en place par le précédent gouvernement pour favoriser l’électrification du secteur automobile. C’est ce que souligne notamment un article Bloomberg du 27 mai 2025. Leur cible : les crédits d’impôt de l’Inflation Reduction Act (IRA), mais aussi les normes environnementales, les subventions aux usines de batteries, et même l’autonomie législative de la Californie.
Le ton était donné dès la prise de pouvoir de Trump en janvier : l’âge d’or de la voiture électrique est terminé. Elle est désormais perçue comme une cible à abattre, quel qu’en soit le prix pour l’industrie américaine. Au moment même où la Chine accélère encore sa domination sur le secteur, les constructeurs américains ne savent plus trop sur quel pied danser pour ne pas y perdre des plumes.
Coupe budgétaire dans les crédits d’impôts
L’une des premières attaques des Républicains vise la suppression pure et simple du crédit d’impôt à l’achat de 7 500 dollars prévu par l’IRA. C’était une des mesures clés de la précédente administration pour stimuler la demande de voitures électriques auprès des consommateurs. C’était la partie la plus prévisible du plan d’attaque des Républicains.

La majorité républicaine à la Chambre des représentants veut également supprimer ou réduire les subventions industrielles pour les entreprises implantant leurs chaînes de production aux États-Unis (raffinage de minerai, assemblage de batteries, composants électroniques, assemblage de voitures, etc.). Cette décision ne se limite pas à une volonté de faire des économies budgétaires, mais également d’effacer tous les avantages accordés au secteur de la voiture électrique, y compris ceux dont profite Tesla.
En guerre idéologique contre la Californie
Le second front ouvert consiste à empêcher la Californie de fixer ses propres règles environnementales. Le Sénat dominé par les Républicains veut révoquer la dérogation historique qui permet à l’État de Californie d’imposer des normes plus strictes que le niveau fédéral pour lutter contre la pollution.
En interdisant à la Californie de pénaliser les véhicules non électriques à l’horizon 2035, les Républicains veulent briser la dynamique locale. Quitte à déclencher une guerre juridique avec l’État. Sans cette contrainte qui pèse sur les constructeurs — vendre 35 % de véhicules électriques dès 2026 –, le marché pourrait s’effondrer en Californie, qui est une véritable locomotive du marché électrique, et par ricochet dans d’autres États qui s’en inspirent.

Un cadeau empoisonné pour toute la filière
Derrière cette croisade idéologique, c’est toute la filière automobile qui trinque. Comme le souligne InsideEVs, ces attaques pourraient totalement désorganiser les investissements massifs réalisés ces dernières années dans les usines de batteries, avec à la clé des retards, des pertes de rentabilité, voire des annulations de projets. Ce serait un énorme gâchis financier, mais aussi un coup dur pour les promesses d’emploi.
Faute de visibilité, les groupes américains risquent de ralentir leurs efforts sur l’électrique. D’ailleurs, plusieurs groupes, dont GM et Stellantis, ont déjà revu leur stratégie en réintégrant plus d’hybrides et en gelant certains investissements liés aux VE. L’Amérique a choisi de s’accrocher à ses pick-up à essence et à ses forages pétroliers, peu importe les conséquences écologiques et économiques que cela aura.

Une stratégie de court terme à haut risque
Pendant que les Américains s’accrochent à leur passé, la Chine prend encore plus d’avance. Les ventes de véhicules électriques y explosent, BYD devient une référence mondiale, et les marques locales multiplient les innovations et les plateformes dédiées.
En tentant d’affaiblir la transition électrique pour des raisons purement politiques, les États-Unis risquent de se faire distancer alors qu’ils étaient pourtant partis en bonne position. L’avenir dira si ce pari idéologique ne coûtera pas bien plus cher que les crédits d’impôt qu’ils s’apprêtent à enterrer. Le plus ironique de l’histoire ? Ce sont souvent les États républicains eux-mêmes qui bénéficiaient le plus des usines subventionnées par l’IRA.
Déjà malmenés par les surtaxes douanières qui changent à un rythme effréné, les constructeurs automobiles, qui ont besoin de vision à long terme, se retrouvent à brûler du cash pour s’adapter à une politique économique digne d’un rodéo. Qui sera suffisamment accroché pour résister ?
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